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 INTERVIEW de FELICIA CABRITA

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AuteurMessage
john
Commissaire Divisionnaire
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john


Date d'inscription : 18/09/2007

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MessageSujet: INTERVIEW de FELICIA CABRITA   INTERVIEW de FELICIA CABRITA EmptyVen 20 Mar - 18:52

Article de FELICIA CABRITA publié par Radio France Internationale (le 18/8/2008):

Entretien avec Felicia Cabrita, journaliste


par Propos recueillis par Thierry Perret
Article publié le 18/08/2008
Dernière mise à jour le 18/08/2008 à 17:59 TU

INTERVIEW de FELICIA CABRITA Portugal_felicia_80


Felicia Cabrita est la journaliste qui a révélé au public l’affaire Casa Pia, en 2002, dans les colonnes de l’Expresso. Felicia Cabrita a travaillé dans plusieurs magazines (dont Grande Reportagem) et pour la télévision. Elle collabore actuellement à l’hebdomadaire Sol.
Elle a écrit plusieurs livres à succès (non traduits en français), dont un ouvrage sur les amours de l’ancien dictateur Salazar, et un livre récent de reportages : Massacrem em Africa.

Quel regard jetez-vous, rétrospectivement, sur cette affaire Casa Pia dont vous avez été une actrice cruciale ? C’était – c’est encore –, selon vous, une affaire qui a révélé certains aspects de la société portugaise dont il faut être conscient ?

Cette affaire a mis à nu les changements subis par la société portugaise après la révolution d’Avril. Ceci en montrant que la nouvelle classe politique n’a pas effacé les vieux travers de la dictature. Tout le monde sait que, pendant des décennies, des enfants de la Casa Pia ont été abusés, au dedans et en dehors de l’institution, qu’ils ont pu être utilisés dans des films pédophiles (c’est ce qu’ont montré des films tournés dans l’établissement, dont les bandes ont été découvertes à Paris).
Malgré de nombreuses preuves, et le fait que les mineurs qui sont venus témoigner au procès avaient un discours cohérent – et il a été confirmé que certaines victimes avaient souffert d’incontinence, suite aux nombreux viols subis-, après l’impact initial des nouvelles les victimes ont fini par être considérées comme menteurs ou prostitués.
Les journaux, eux, ont relayé les arguments des accusés : le phénomène est apparu dès lors que des politiques ayant appartenu au gouvernement ont figuré parmi les accusés.

Le Parti socialiste avec sa longue tradition de résistance au fascisme, voyant que certains de ses éléments étaient impliqués, a réagi comme si le drapeau idéologique pouvait chasser la part obscure qui est dans tous les hommes. Les journalistes portugais dans leur majorité se sont alors mis au service du gouvernement, en oubliant leur indépendance. Des membres du gouvernement, les écoutes téléphoniques l’ont indiqué, ont tenté d’interférer dans le fonctionnement de la justice, entraînant des prises de position des magistrats, du procureur général de la République, et même du président de la République. Autrement dit, et c’est maintenant dans la mémoire des Portugais, certains au Parti socialiste souhaitaient une justice plus «égale» pour les uns que pour les autres. Laquelle justice quant à elle a montré qu’elle était perméable aux influences politiques.

Les accusés ont multiplié les recours légaux devant la Cour d’Appel. Paulo Pedroso, par exemple, a été remis en liberté après qu’un collectif de juges l’a jugé innocent, arguant même qu’une des victimes devait être mise en accusation. Il a été accueilli au Parlement, c’est singulier, comme s’il venait d’être libéré de Tarrafal (qui fut l’un des pires lieux de réclusion des prisonniers politiques durant la dictature) !

Aussitôt après, à la suite d’un autre recours, d’autres juges ont estimé que les preuves contre ce leader socialiste étaient suffisantes pour le maintenir en prison. (...)Le phénomène de la pédophilie, au Portugal, n’est ni récent ni en train de finir. A la fin des années 60, quand Salazar était encore au pouvoir, il y eut un scandale similaire connu sous le nom de Ballet Rose. Là aussi furent impliqués des hommes politiques du régime, de la haute finance, des enfants et des prostituées. Et c’est Mario Soares, en exil, qui dénonça dans les journaux étrangers les «pourris de droite». J’ai aussi enquêté sur l’affaire, retrouvé les pièces du procès, ai discuté avec les prostituées de l’époque, les pédophiles, les jeunes filles aujourd’hui devenues femmes.

L’affaire est allée au tribunal, mais personne n’a été emprisonné, à part deux prostituées. Hélas...On n’en a pas fini avec les scandales. Cette année encore, en plein jugement Casa Pia, je suis tombée sur deux mineurs qui avaient été emmenés chez des gens de la «haute» pour être abusés. Cela a entraîné un nouveau procès et l’Institut de Médecine légale a déjà confirmé le viol des enfants.
Toujours le même refrain...

Les médias ont eu un rôle important dans l’affaire Casa Pia. Il y a eu des dérapages, mais l’histoire n’aurait sans doute pas été portée à la justice sans les médias. Est-ce que les journalistes portugais en ont tiré certaines leçons, et lesquelles ?


Je ne pense pas qu’on ait tiré la moindre leçon de tout ceci. Le journalisme a beaucoup changé au Portugal, il est très lié au pouvoir politique, et le journalisme d’investigation est peu pratiqué, parce que c’est trop cher. Le journalisme marche à grands pas vers la société du spectacle.

On entend beaucoup dire que les médias portugais ont «oublié» l’esprit de 1974 et du changement dont il était porteur. On aurait aujourd’hui affaire à un journalisme très consensuel, et pas toujours de très bonne qualité. C’est votre avis ?


C’est aussi mon avis, et il est curieux de constater que la plupart des responsables de journaux ou de la télévision viennent de la gauche ou de l’extrême gauche. Ils ont été récupérés par le système et ont oublié Marx, hélas !

Qu’est peut être le rôle et l’ambition des journalistes dans la société portugaise telle qu’elle est aujourd’hui ?

Quelques journalistes, c’est mon cas, celui de collègues comme Joachim Vieira, ont été remerciés de leurs médias sous l’influence du pouvoir politique. La vérité dérange, elle entraîne toujours le changement, la rupture, et cette “gauche” préfère le silence, qui fut le moteur de la dictature.
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