Je ne sais pas...
Ce n'est pas si simple je crois.
Je crois que victimes et auteurs d'abus nous sommes aussi "parfois" liés, dans ce que j'appelle moi, le cercle vicieux de la puanteur.
J'essaye de toujours garder à l'esprit qu'une victime peut basculer dans l'horreur de la puanteur et la faire subir à son tour.
On pleure les enfants abusés, et on arrête de les pleurer quand ils ont 30, 40, 50 ans et que tout explose dans leur vie, parce qu'ils avaient tant enfoui.
Je crois que l'un des soucis...
C'est la NON prise en compte des victimes, l'indifférence totale à leur reconstruction.
Même le statut de victime il faut aller le déccrocher comme une médaille olympique. C'est un parcours bien souvent d'une vie entière de souffrance.
Un adulte commet des abus, il a une obligation de soin, il est pris en charge.
Toi, victime (enfant, ou enfant devenu adulte), ta prise en charge pour accéder à des soins de résiliences, tu dois te la payer.
Je parle ici pour la France en tout cas.
Souvent je me dis qu'il y a deux cadres.
Celui de nos émotions, du chemin de nos vies et puis celui du cadre social.
Je suis très souvent traversée par l'envie de tuer. En raison d'une part, par mon propre fil de vie mais aussi aux fils de vies que je peux croiser auprès des victimes.
Mais socialement, je ne peux pas tuer.
J'en ai conscience.
Pour la pédophilie, pédosexualité, pedocriminalité... que je HAIS profondément...
On crie tous : "qu'on leur coupe les couilles, qu'on les tue, et autres"
Bien parfait. Et après ??
Cet après me bouscule bien souvent, car avec certitude les tuer ne règlera pas en tout cas le souci de ceux qui sont en vie, de ceux qui sont dehors, et qui eux vont continuer de violer.
Car on aura pas traité le problème, la problématique dans son entier.
La prévention, l'accompagnement, la construction de repères à "RE"construire devient urgent.
Vous savez,
j'ai une petite fille aujourd'hui qui va avoir bientôt 10 ans.
Sa plus grande souffrance aujourd'hui est celle ci:
" Maman, papa ne m'aime pas, pourquoi il a plus aimé ma soeur que moi "
L'état des faits:
Son papa a abusé de l'ainée, sa soeur.
Si on ne regarde rin qu'ici que cette situation,
cette parole d'enfant.
Si on ne traite pas son mal être de façon digne d'un vrai accompagnement à la construction de repères,
.... Que peut devenir cet enfant, que va t il faire ?
Tant de possibilités.
Ma fille pourrait très bien par exemple dénoncer des faux abus de la part de son papa, tellement pour elle ce serait une façon de dire au monde entier:
"Regardez, mon papa m'aime aussi"
Et si pour elle "aimer", c'était cela son cadre de repère = "abuser",
car personne ne lui aura expliqué ce que voulais dire "aimer". Ne pourrait elle pas faire parti de ceux qui peuvent aussi un jour abuser ?
Donc, rien n'est simple.
J'espère que vous saurez me lire.
Car je ne dis pas ici qu'on doit sourire et caresser le dos aux pédophiles. NON
Je dis qu'on doit prendre en compte de toute urgence les victimes aujourd'hui pour éviter qu'ils deviennent ceux qu'on a envie de tuer.
Car ce sera aussi participer à moins d'abus sur les enfants.
J'aurai aimé écrire PLUS du tout d'abus.
Mais nous savons tous que les victimes ne deviennent pas inévitablement (et heureusement) des bourreaux d'enfants.
Donc des bourreaux, il y en aura toujours et cela même SANS avoir été eux mêmes abusés !!
Pfiouuu... Et bien cette fois je file sous ma couette,il est tard.
Stéphanie