Un reportage qui dérange le Vatican
(13/02/2008)
© EPA
Questions à la Une, La Une, 20h20. Effrayant: un document dénonce la protection des prêtres pédophiles
BRUXELLES "Tout est sous le contrôle du Vatican." Voilà, mot pour mot, un des témoignages apporté par le reportage de la BBC, que diffuse, ce soir, La Une. Chez les évêques a longtemps existé le crimen sollicitationis, né en 1962. Un décret étouffant les affaires de pédophilie, mis en place, voilà 20 ans, par un certain Joseph Ratzinger. Oui, l’actuel pape Benoît XVI. Depuis, il a créé (en 2001) un texte intitulé la primauté du secret. Une forme de pacte lu (et approuvé ?) par les évêques du monde entier. Son contenu, affligeant, leur explique comment réagir face aux abus sexuels commis par les prêtres de leur diocèse. Ce décret secret leur explique ainsi qu’en cette matière, le Vatican jouit d’une compétence exclusive. La loi du silence règne.
En Irlande, le père Sean Fortune s’est suicidé, à quelques heures de son procès. Pendant des années, il a abusé de jeunes paroissiens. Et pendant six ans, il a été protégé par son évêque.
Intitulé Le Vatican protège-t-il les pédophiles, le reportage de la BBC diffusé ce soir dans le cadre de Questions à la Une (et précédé d’un sujet sur le traitement des délinquants sexuels) apporte son lot de témoignages révélateurs, à la limite de l’insoutenable. Un ancien moine américain dénonce le système : “Je travaillais pour une institution que je croyais sacrée mais qui finalement ne cherche qu’à se protéger elle-même”. Affligeant. Les âmes sensibles auront probablement beaucoup de mal à écouter et regarder la déposition du prêtre O’Grady, avouant le viol d’au moins 30 enfants, en toute impunité, durant 20 ans.
Aujourd’hui, une charte de protection des enfants a été créée au sein de l’Église catholique, mais beaucoup de pays semblent encore l’ignorer.
Les évêques belges répondent
Ce document choc de la BBC ne contient aucune intervention du Vatican, l’institution n’ayant jamais donné suite aux demandes d’interviews. Par contre, le porte-parole des évêques de Belgique a tenu, ces jours-ci, à recadrer cette dénonciation : “le documentaire dérape quand il dénonce un complot proprement mafieux ayant pour parrain suprême le pape actuel. L’instruction de 1962, […] n’entendait en rien faire obstacle à l’action de la justice étatique”.
Ch. V.