Les jumelles disparues ont été vues sur un ferry pour la CorseMots clés : Disparition, Rapt, Ferry, Corse, Suisse, Italie, Marseille, Alessia, Livia, Matthias Schepp, Parquet
Par Flore Galaud
09/02/2011 | Mise à jour : 11:51
Alors que les enquêteurs concentraient leurs recherches en Suisse, des témoignages indiquent mercredi qu'Alissia et Livia se trouvaient sur un ferry à destination de la Corse le 31 janvier, soit le lendemain de leur disparition.
Rebondissement dans l'opération «Gemelle».Les deux fillettes suisses de six ans disparues depuis le 30 janvier, «étaient sur le bateau» pour la Corse qu'a pris leur père le 31 janvier, soit cinq jours avant de se suicider, a indiqué mercredi le procureur de la République de Marseille, évoquant trois témoins. Mardi, il avait signalé que le père avait pris le ferry mais n'avait relevé aucune trace de la présence d'Alessia et Livia, ce qui laissait penser aux enquêteurs que les fillettes pouvaient n'avoir jamais quitté la Suisse.
Autre certitude, à ce stade de l'enquête : le père des jumelles était bien en Italie le 3 février. Il a déjeuné seul dans une petite pizzeria de Vietri-sul-Mare, dans la région de Naples, avant de se jeter sous un train en gare de Cerignola. Rien n'indique, pour l'heure, qu'il ait emmené les fillettes avec lui en Italie. Un témoignage avait indiqué samedi dernier qu'elles avaient été aperçues à Monza, dans le nord, en compagnie d'une femme blanche aux cheveux bruns. Mais cette piste n'a rien donné. Les enquêteurs pensent donc désormais qu'elles pourraient se trouver en Corse.
La mère reçoit de l'argent par la PosteMardi, le frère de la mère des jumelles a révélé que cette dernière avait reçu par plusieurs lettres la totalité de la somme de 4400 euros retirée par Matthias Schepp à Marseille le lendemain de l'enlèvement. Une information qui laisse présager le pire, selon lui : «Il n'y a aucune lettre qui accompagne l'argent. Cela nous inquiète car l'hypothèse qu'il aurait payé quelqu'un pour garder les enfants ne tient plus», s'est-il inquiété.
«C'est très difficile... On craint le pire, mais tant qu'il n'y a pas de preuves, on garde l'espoir même s'il est mince», a insisté l'oncle des fillettes, manifestement ému.Pour Valerio Lucidi, il ne fait aucun doute que son beau-frère - qui supportait mal la perspective d'un divorce - a eu un «mouvement de folie totale».
Une affaire «prioritaire» pour InterpolPour le procureur de Marseille, ces lettres «n'indiquent pas formellement qu'il a tué ses filles même si c'est tout à fait envisageable à ce stade, après maintenant dix jours d'absence. C'est l'hypothèse la plus vraisemblable, mais on n'en a pas la certitude absolue», a-t-il dit.
Interpol, qui a qualifié cette affaire de «prioritaire», a lancé une alerte à ses 188 pays membres pour aider à retrouver les fillettes et diffusé leurs photos sur la page d'accueil de son site internet.
*Les jumelles, qui mesurent 1m15, parlent couramment le français, le suisse-allemand et l'italien. Toute personne en possession de renseignements est invitée à composer le numéro suivant : 00.41.21.644.82.31.
Chronologie des événements :• 30 janvier 2011 : les deux fillettes sont vues pour la dernière fois à proximité de leur domicile, à Saint-Sulpice, dans le canton de Vaud (ouest de la Suisse). Le père, Matthias Schepp (43 ans), un Suisse résidant aussi à Saint-Sulpice les aurait enlevées, assure la mère. Le couple est séparé et Matthias Schepp vit très mal cette rupture. Dans la soirée, le père traverse la frontière entre la Suisse et la France. Il rejoint Annecy puis la région lyonnaise.
• 31 janvier : Matthias Schepp envoie de Marseille une carte à sa femme, Irina Lucidi (44 ans), dans laquelle il explique ne pas pouvoir vivre sans elle.
Le même jour, il effectue des retraits d'argent à Marseille - pour un montant total de 7500 euros - et achète dans une agence de voyage marseillaise un ticket de ferry pour trois personnes, partant le soir même pour Propriano en Corse.
• 1er février : Un témoin déclare avoir vu le père à son arrivée en Corse en provenance de Marseille. La présence des jumelles à bord du bateau n'est pas confirmée à ce stade.
• 3 février : Le père est vu jeudi midi dans une petite pizzeria de Vietri-sul-Mare, dans la région de Naples, en Italie. Il déjeune seul.
Quelques heures plus tard, il se suicide en se jetant sous un train en gare de Cerignola. Sa voiture est retrouvée sur le parking de la gare.
• 4 février : La mère des fillettes, qui réside en Suisse, se présente dans un commissariat de Marseille à la recherche de ses enfants.
• 5 février : Dans un entretien téléphonique à la chaîne publique italienne Rai2, Valerio Lucidi, l'oncle des jumelles, affirme depuis Lausanne que les «fillettes ont été vues le 4 février à Monza (nord de l'Italie) en compagnie d'une femme blanche aux cheveux bruns. Cette piste n'a rien donné.
• 6 février : La police suisse dit avoir trouvé un testament au domicile du père, daté du 27 janvier. Selon l'agence italienne Ansa, le père y lègue la plupart de ses biens à ses deux filles. Le même jour, Interpol lance une alerte à ses 188 pays membres.
• 7 février : L'opération internationale de recherche des deux fillettes est baptisée «Opération GEMELLE» (Jumelles en italien).
• 8 février : L'oncle des fillettes révèle que la mère a reçu, par le biais de plusieurs lettres, 4400 euros de la part de son ancien compagnon. Sans mot d'explications.
• 9 février : Après avoir appris que le père avait pris au cours de la semaine un ferry pour la Corse, le procureur de Marseille révèle que les jumelles étaient elles aussi sur le bateau.
Par Flore Galaud
Figaro